La corruption en milieu journalistique
S’il est un phénomène qui gangrène le monde des médias au Togo c’est bien la corruption qui oblige la population à ne plus accorder de crédit aux informations qui paraissent dans les médias.
Que ce soit la presse en ligne ou écrite, la radio ou la télévision, tous les moyens de communication sont visés par l’intérêt personnel au profit de l’amour de la vérité. L’ancien président américain Thomas Jefferson ne pensait pas si bien dire lorsqu’il déclarait qu’il « préfère des journaux sans gouvernement à un gouvernement sans journaux » car dans le deuxième cas, c’est la porte ouverte à toutes les dérives autocratiques sans personne pour les dénoncer. L’ancien présentateur de télévision Yacoubi Tchatchibara déclarait lors d’un atelier organisé par la direction de la radio Nana fm que tout gouvernement s’évertue à amadouer les médias mais il revient à ceux qui ont une ligne éditoriale contraire aux aspirations des gouvernants de résister aux pressions qui ne cesseront de pleuvoir sur eux. Mais malheureusement beaucoup de médias qui au départ avaient suscité de l’admiration de part leur démarcation par rapport aux actes du gouvernement, ont fini par plier l’échine face aux espèces sonnantes et trébuchantes que des commis à cette tâche leur ont fait toucher.
Le mensonge est un exercice très difficile à réussir puisqu’on peut mentir une fois à tout un peuple, tout comme on peut mentir tout le temps à une personne, mais on ne peut mentir tout le temps à tout le peuple. Cela finit par se savoir. Et souvent le fil conducteur des mensonges servis au peuple se trouve dans le nerf de la guerre. Oui, au risque de mécontenter certaines personnes ou de froisser certaines susceptibilités, force est de reconnaître que beaucoup de médias n’ont pas pu résister à la vue de l’argent. Et on découvre que pour avoir délesté l’accélérateur de la pression qu’ils exerçaient dans le temps, les directeurs de publication changent de train de vie : des maisons construites en un tour de passe-passe, des moyens de déplacement mis à leur disposition, et surtout leur apparition aux côtés des autorités lors des voyages cossus à l’extérieur. Les articles qui font suite à leur retour constituent des baromètres sûrs.
Sur les ondes, les corrompus se révèlent au grand jour et jusque dans les marchés de la capitale, les bonnes femmes aussi détectent sans effort l’odeur de la corruption.
Mais heureusement que le monde des médias n’est pas truffé que de corrompus ; et en ces temps où le pays fait face à des crises qui sont difficilement voilées, il y a des médias qui osent encore et toujours poser les vraies questions et qui proposent de réels remèdes aux multiples maux dont est atteint le Togo. A tous les journalistes qui aujourd’hui se prélassent dans des billets malhonnêtement amassés sans penser à l’avenir du pays et à sa saine gestion, nous leur demandons de méditer ces paroles de MARTIN NIEMÖLLER : «Quand ils sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste. Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste. Quand ils sont venus chercher les juifs, je n’ai pas protesté, je n’étais pas juif. Quand ils sont venus chercher les catholiques, je n’ai pas protesté, je n’étais pas catholique. Puis ils sont venus me chercher et il ne restait personne pour protester.» Des confrères risquent de se retrouver sans soutien à l’heure des comptes. Méditons ces paroles donc.
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