L’ETHIQUE ET LES JOURNALISTES EN PERIODE ELECTORALE
L’ETHIQUE ET LES JOURNALISTES EN PERIODE ELECTORALE
Dodzi Y .Alexandre AGBOZOH-GUDIH
Introduction
Dans un guide d’éducation civique, publié par les Américains en 2004, on peut lire cette idée D’Aristote, philosophe grec : « c’est la marque d’un esprit cultivé que de considérer une idée sans pour autant l’accepter ».
« Est journaliste , toute personne qui a pour occupation principale , régulière et rétribuée, la recherche , la collecte, la sélection, l’exploitation, la publication et la présentation de l’information dans une ou plusieurs publications quotidiennes ou périodiques, dans une ou plusieurs entreprises de communication audiovisuelle , dans une ou plusieurs agences de presse ou dans un service d’information » (Code de la presse , Titre II – Du journaliste et de la déontologie du journalisme, chapitre I de la qualité de journaliste, Article 54 , page 30).
Les médias ont chacun leur ligne éditoriale, mais chaque journaliste a le droit constitutionnel d’appartenir au parti politique de son choix. Comment mettre ensemble les deux droits ? Que dire de la déontologie de la presse (code moral propre à une profession), avant d’aller aux problèmes de morale, voir d’éthique ?
Point sur la période électorale
Parler des élections rappelle de très mauvais souvenirs aux africains, parce que dans la majorité des Etas africains, le temps des élections c’est le temps des lendemains incertains, le temps de la violence, le temps des meurtres sans mobiles
Apparents, voir le temps de l’exode et de l’exil. Et pourtant, parmi les modes de changement dont dispose l’humanité pour changer de gouvernants, l’élection est le moyen pacifique par excellence. Il est légitime alors de se demander comment on peut comprendre qu’un moyen pacifique puisse devenir criminogène et mortifère ? C’est là tout le paradoxe de la politique. Il faut bien en comprendre la nature, pour comprendre les comportements que les hommes adoptent en période électorale. A cela, il faut ajouter une analyse sociopolitique de chaque situation.
On peut gagner une élection tout comme on peut la perdre. Il faut alors du courage dans l’un et l’autre cas ; courage pour assumer sa charge convenablement après la victoire, courage pour assumer sa défaite. Nous aboutissons ainsi à l’aspect éthique de la pratique de l’art politique.
Définition et rôle des médias
Les médias constituent un ensemble de supports de diffusion de l’information par la radio la télévision et la presse écrite.
En démocratie, les médias jouent un rôle vital, notamment en contraignant les élites gouvernementales à ne pas perdre de vue les préoccupations de l’immense majorité des citoyens.
Leur rôle consiste à :
- Recherche et communiquer l’information – diffuser l’information avec objectivité et compétence.
- Surveiller le paysage politique - aider à l’instauration de la transparence.
- Eduquer le public, par l’information et la sensibilisation.
- Etre une arène pour les opinions et la persuasion, afin de permette les débats et les discussions sur tous les sujets.
- Inciter à la pratique, c’est-à-dire amener les citoyens à réaliser des actions concrètes.
Caractéristiques des médias en démocratie
En démocratie, les médias se caractérise par :
- L’indépendance : la notion d’indépendance se situe au cœur de la formation de tout principe éthique en matière d’information .Les médias indépendants doivent s’attacher à leur rôle en résistant aux pressions de toutes sortes.
- La liberté : elle est fondamentale pour l’expression des diverses opinions sans répercussion négative, sans répression.
- La crédibilité : les médias doivent être responsable et vérifier leurs sources d’information.
- La diversité : les médias doivent représenter plusieurs voix dans la société.
- L’intégrité : la qualité et les capacités d’enquêter sur les informations
La connaissance des médias
Pour que les médias soient efficaces et que leurs actions aient une grande portée sur la population, ils doivent :
- Vérifier la source de l’information à donner
- Savoir interpréter l’information reçus en corrélation avec le Code électoral, la Charte des partis politique, la déontologie des médias dans le code de la presse de la Communication.
- Savoir identifier le public bénéficiaire de l’information : en l’occurrence, toute la population, puisqu’il s’agit d’élection.
Du côté des citoyens
On ne peut pas et on ne doit pas accepter l’information sans l’examiner .pour ce faire, il faut se poser les questions suivantes :
- D’où vient l’information ?
- Quel est le message ?
- Le message transmet quelles valeurs ?
C’est dire que l’on doit savoir faire la différence entre le fait et l’opinion d’une part, et d’autre part, comprendre le rôle de la propagande et du parti pris :
a- le fait, c’est quelque chose qui existe vraiment, une certitude (les voix des électeurs exprimées lors du vote et répertoriées sur le tableau noir)
b- l’opinion, c’est un point de vue, un jugement ou une impression qui s’est formée sur un sujet ; un point de vue qui est fondé sur les faits, mais non prouvé.
c- La propagande : la dissémination délibérée d’informations dans l’intention de convaincre, vendre, une idée , défendre ou pourfendre une cause.
d- Le parti pris : ce sont les idées préconçues, une prédisposition ou une tendance à opter pour une partie au détriment d’une ou d’autres parties.
De l’éthique et de l’intégrité morale du journaliste
Le journaliste qui s’engage a couvrir les élections, le fait avec l’idée d’apporter quelque chose au pays .il s’engage dans le paysage politique, avec ses propres convictions morales, culturelles , religieuses, et déontologiques.
L’intégrité morale du journaliste passe par :
- L’obligation d’être honnêtement et précisément comptable de ses actes dans le cadre des structures et des valeurs du régime constitutionnel, (Articles 61, Code de la presse).
- Le respect des personnes, des procédures morales en matière d liberté individuelle et de l’égalité des citoyens devant la loi électorale.
- Le souci d’un ordre politique à la fois sûr et légitime et de l’intégrité des lois ;
- L’engagement d’agir avec efficacité et compétence.
Le respect de la loi
« La liberté de la presse est reconnue et garantie par l’Etat .elle es protégée par la loi.
« toute personne a la liberté d’exprimer et de diffuser par parole , écrit ou tous autres moyens , ses opinions ou les informations qu’elle détient , dans le respect des limites définies par la loi »(Article 26, Constitution du 14 octobre 1992, Titre II, sous-titre I).
« Le journaliste ou le technicien de la communication doit exercer sa profession, dans le respect des règles et de la déontologie du journalisme .A cet effet, il doit traiter et donner l’information dans le respect scrupuleux de l’objectivité et de la Communication, chapitre II).
« la calomnie, les accusations sans preuves, l’altération des documents, la déformation des faits, constituent des pratiques contraires à la déontologie du journalisme. » (Article62, du Code de la Presse).
Du code électoral et des fraudes électorales
C’à quoi le journaliste peut assister, ce sont l’infraction au Code électoral : loi n° 2007-2009 du 7 février 2007). Chaque irrégularité doit être référée à l’article de la Loi qui est violée, en toute impartialité.
Quelques exemples
- Retard dans l’ouverture et la fermeture des bureaux de vote.
- Présence de bulletins pré votés.
- hommes et femmes en possession de plusieurs cartes d’électeur, de plusieurs bulletins de votes dans leurs poches
- Bourrages d’urnes,
- Votes de mineurs (moins de 18 ans,)
- Falsification des procès-verbaux de dépouillement, etc.
Devant d tels faits, « Le journaliste ou le technicien de la communication ne peut être contraint d’accepter de diffuser des informations contraires à la réalité, ou d’exprimer une opinion contre son intime conviction. » (Article de 64, Code de la Presse et de la Communication).
Conclusion
Les médias contribuent à assurer un fonctionnement plus démocratique de la société par la diffusion d’information au public.ils suivent tous les événements d’un pays , dans tous les domaines. Dans le cas d’espèce de ce jour, nous avons parlé des élections.les médias dénoncent et critiquent tout ce qui ne va pas . on qualifie parfois les médias de « quatrième pouvoir », car ils ont une grande influence sur l’opinion publique. Les médias ont pour objectif majeur d’assurer une meilleure information des citoyens. Ils sont à la fois un guide et un instrument, mais un instrument qu’il faut savoir utiliser avec un esprit critique pour être bien informé.
Le journaliste intègre sur le plan moral en période électorale, doit avoir pour lui-même, de solides convictions et des principes sur lesquels il ne doit déroger en aucun cas .il doit résister aux pressions qui l’incitent à capituler devant la loi, devant ses convictions morales et religieuses.
Source principale
Guide de l’éducation civique, Conakry, Centre Américain, Ambassade des Etats Unis d’Amérique en République de Guinée, 2004.
Ouvrage de morale et d’éthique : Intégrité morale et vie publique, par J. Patrick Dobel, Paris, Nouveaux Horizons, ARS, pour la traduction française, 2003.
Texte de loi
1- Loi organique N° 2004-021, organisant le fonctionnement de Haute autorité de l’Audiovisuel et de la Communication, Lomé, Editions Editogo, 2004.
2- Code de la Presse et de la Communication, Loi N° 2004-015, du 27 Août 2004, Lomé, Editions Etitogo, 2004.
3- Code Electoral, Loi n° 2007-009 du 7 février 2007, Lomé, Editions, Editogo, 2007.
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